lundi 4 août 2008

EXPO STEINER AU MAC DE MARSEILLE




Alors autant vous le dire tout de suite j'ai adoré!!!

C'était le première fois que je visitais le [mac] de Marseille et ce lieu dédié à l'Art Contemporain est extra. Une belle lumière, une ambiance calme, une architecture discrete et toute dédiée aux oeuvres.




Mais notez bien!!!
Jusqu'au 21 septembre 2008, le [mac], musée d'art contemporain de Marseille, présente une partie de la mémoire du design français à travers l'exposition 'Steiner et l'aventure du design'. Cette exposition est la preuve que Steiner s'inscrit définitivement au coeur de l'histoire du design français.





Cette exposition propose une réelle remontée dans le temps à travers les modèles phares de la plus ancienne marque française de mobilier, véritable laboratoire d'idées, qui a collaboré avec les plus grands designers de son époque.
Témoin de l'avant-gardisme de Steiner dans l'univers de la création, une très belle collection de modèles - chaises, fauteuils et canapés - est ainsi présentée sur cinq espaces, retraçant l'évolution du design à travers les innovations apportées par la marque à toutes les époques.
Un véritable historique du patrimoine du design français qui offre l'occasion unique de découvrir ou redécouvrir les incontournables Khow Hoï Chan, Pierre Guariche, Joseph-André Motte, Claude Courtecuisse, Pierre Cardin ou encore René-Jean Caillette par le biais de leurs créations, réalisées pour Steiner et dont certaines ont acquis une dimension mythique.

Steiner ou l'aventure du design français des années 20 à nos jours

Charles Steiner fonde sa société à Paris en 1926, au coeur du faubourg Saint Antoine, quartier riche en artisans, ébénistes et artistes. Après la fabrication de ses premiers sièges, plutôt de tradition anglaise, il s'oriente vers les fauteuils club dont les proportions et la rigueur séduisent entre autres Le Corbusier, avec lequel il entretient une abondante correspondance.
Ses débuts prometteurs sont brutalement interrompus par la guerre. Déporté la même année avec son fils Hugues, c'est à ce dernier que revient la lourde tâche de reprendre à Paris la firme familiale en 1946, à la mort de son père. A peine âgé d'une vingtaine d'années, Hugues Steiner est non seulement doué d'une vive intelligence et d'un sens commercial aigu, mais il est également un musicien accompli et un excellent dessinateur. Ces qualités vont lui permettre de rapidement promouvoir sa société à l'avant-garde de la création.





Dès la fin des années 40, il développe la gamme Bow-Wood (cf. illustration ci-contre), qui utilise la technique du bois courbé à la vapeur. Avec son allure joyeuse et moderne, jouant avec des revêtements en plastique aux couleurs sorbets, cette gamme séduit les jeunes ménages en quête de meubles contemporains et peu coûteux. Elle intéresse également certains décorateurs, tel Pierre Gautier-Delaye, pour des aménagements de bureaux. Avec leurs coussins amovibles et leurs suspensions innovantes, les produits Steiner s'inscrivent totalement par leur modernisme dans la tradition de l'entre-deux-guerres.




Entre les années 50 et 70, la société Steiner est l'une des rares entreprises françaises de mobilier à faire preuve d'un souci constant de modernité. Elle devient ainsi l'un des fers de lance du design en Europe et attire les meilleurs créateurs de son temps : Joseph-André Motte, Pierre Guariche, Pierre Paulin, Pascal Mourgue ou le Chinois Kwok Hoï Chan. Car les vraies innovations sont à venir, avec l'arrivée de jeunes décorateurs très au fait des tendances américaines développées par Knoll International et Herman Miller.



A travers des réseaux de publicité et de distribution communs, le luminariste Pierre Disderot, le fabricant de rangement Charles Minvielle et Hugues Steiner mettent en place une politique innovante et inédite. Il s'agit d'offrir au public français la vitrine d'un mobilier véritablement contemporain. On retiendra de cette association la production promise à un grand succès du fauteuil Corb, des chaises Tulipe , Amsterdam et Tonneau.
Dans les années 60, Hugues Steiner, qui a fait construire une usine ultramoderne à Noisy-le-Grand (93), part à la recherche de nouveaux talents, pour faire face à la déferlante d'un design porté par les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux. Parmi eux, Claude Courtecuisse, Pascal Mourgue et Kwok Hoï Chan, qui va devenir le créateur fétiche de la société. Toujours dans le même souci de diversification de ses produits, Steiner engagera à la fin des années 70 une collaboration fructueuse avec le couturier Pierre Cardin.




Steiner renouvelle donc ses créateurs, mais aussi sa gamme de produits, selon trois axes majeurs correspondant aux tendances du design international, aux mutations technologiques et aux nouvelles manières d'habiter. Steiner se lance ainsi dans les sièges légers, d'un faible encombrement et empilables, que l'on peut, comme le Mini-club, emporter avec soi, démonté et emballé dans un carton spécialement conçu pour cet usage. On retiendra pour mémoire la chaise Pussy Cat de Kwok Hoï Chan, les chaises monoblocs et encastrables de Courtecuisse, ainsi que la chauffeuse Papillon en print stratifié et assise en toile suspendue de Pascal Mourgue.





Avec le temps, ces créations sont devenues des incontournables du design des années 70, au même titre que le siège Chromatique conçu par Kwok Hoï Chan. Composé de chauffeuses juxtaposables, il est le fleuron de la seconde gamme Steiner : les sièges modulables à l'infini se prêtant à toutes sortes de variations dans l'espace. Le modèle Swany, recouvert de skaï blanc, original par son dos en forme de 'boudin', fut le favori des décorateurs à la mode, adeptes du mélange de l'ancien et du moderne. Pierre Cardin, lui-même, suivra cette tendance, à travers deux modèles créés en 1979 : Obélisque et Trocadéro.
La troisième catégorie transforme le siège en une sculpture fonctionnelle. A cet égard, si le fauteuil Kaléïdoscope (1967) de Jacques Famery, en rhodoïd courbé est un chef-d'oeuvre de transparence, de légèreté et de dynamisme formel, la palme revient encore à Kwok Hoï Chan. Dans l'esprit de la mythique chaise Ombre de Charlotte Perriand, de 1956, il adapte les caractères et l'écriture chinoise au service de l'onirique fauteuil Zen. Ce modèle, aujourd'hui réédité par Steiner Paris, a pour pendant les sièges Limande, Ming, Buffalo et l'inénarrable Alligator, sorte de zigzag aussi confortable qu'insolite !
En éditant à 1.000 exemplaires la chaise Leda, du même créateur, Hugues Steiner exprime clairement le renouveau du meuble français d'exception dont Pierre Cardin fera par la suite son credo. Toutes ces propositions témoignent du dynamisme et de la modernité de Steiner, qui fut un véritable laboratoire esthétique autant que technologique du design. Certains modèles demeureront au stade de prototype, d'autres seront édités en séries limitées, mais la majorité d'entre eux connaîtront un véritable succès.
En parlant de prototype celui ci est particulièrement intéressant. Aucunes des tiges metalliques n'est en contact avec les autres. L'ensemble tient sur un principe de partage des forces. Les tubes travaillent en pression, les cables en extension, formant ainsi un solide complexe mais stable.





La crise qui affecte le secteur du meuble français dans les années 80 ralentit l'expansion de la société. Hugues Steiner la cèdera en 1988 à Cauval Industries. Un nouveau millénaire s'ouvre pour Steiner, illustré avec brio par les modèles Equinoxe, Mandala ou Rivoli, symboles du savoir-faire et du dynamisme d'un groupe, toujours fidèle aux qualités de rigueur, d'élégance et d'innovation.






Le Design et les Arts décoratifs sont souvent les parents pauvres des musées français. Pour une fois qu'un musée s'attardent avec autant de qualité sur ce sujet, félicitons le!!! et courrons voir cette magnifique et très complète exposition.